Visite du projet solidaire «Abeilles» dans une école rurale de Jardín (Antioquia)
A propos du projet "Abeilles" à Jardín
Au cours d’un voyage familial en Colombie, nous avons rendu visite à cette école le 12 août 2022 afin de mieux nous rendre compte de l’impact de nos soutiens auprès de l’enfance en Colombie (projet éducatif). Par le biais du contact colombien de l’APAEC sur ce projet, nous avons choisi d’en rencontrer les différents acteurs et les enfants, en présence d’un traducteur qui nous a aidés à bien comprendre l’ensemble des interventions et optimiser ainsi notre visite.
Jardín est une petite ville au coeur de l’Antioquia, qui garde encore son authenticité même si le tourisme s’y développe peu à peu. Particularité de Jardín : elle se trouve dans une zone de culture biologique sans pesticides, où la chasse est interdite.
L’école s’appelle David Crozier. Elle a été créée, il y au moins une cinquantaine d’années grâce au financement d’un donateur américain dont elle porte le nom. Nous y accédons en Jeep Willis par un chemin de terre après environ 30 minutes dans la montagne au milieu des champs de caféiers et de bananiers. Elle accueille 80 enfants de 5 à 17 ans, filles et garçons.
Nous étions accompagnés dans cette visite par Andersón, l’apiculteur, sa femme Luisa et son père Javier qui s’occupent de la formation pratique des enfants à l’apiculture.
La famille d’Andersón est apicultrice depuis 4 générations. Il y a peu d’apiculteurs en Colombie. Sa famille est désormais reconnue en Colombie comme la plus ancienne famille d’apiculteurs. Ils se sont engagés, pour sauver les abeilles natives, à éduquer les paysans à ne plus les tuer, en leur expliquant pourquoi ces animaux sont indispensables et tous les atouts qu’ils apportent en termes de pollinisation pour l’agriculture et de santé pour l’homme. Andersón est le premier de sa famille à pouvoir vivre de son métier. Sa ferme est à 15 minutes de l’école.
Lorsque nous sommes arrivés, les enfants et les professeurs nous ont accueillis par une haie d’honneur et une magnifique banderole pour nous souhaiter la bienvenue et nous remercier de réaliser leurs rêves. Les enfants avaient même répété en français et en chœur le texte de la banderole pour nous. C’était extrêmement émouvant ! Ils nous ont ensuite offert un délicieux café et quelques cadeaux de la part de l’école et de leurs parents, pour nous mais aussi pour les cadres responsables de l’APAEC en charge des actions solidaires. Les enfants étaient visiblement ravis de nous rencontrer. Nous ne nous attendions
absolument pas à un tel accueil, à une ambiance tellement chaleureuse et conviviale.
La directrice de l’école a ensuite prononcé quelques mots pour nous remercier de notre présence et de tout ce que cela représentait pour l’école. Puis les enseignants ( Alexandra I. et David B. ) ont pris la parole. Ils nous ont expliqué les objectifs de l’école qui sont, entre autres, de sensibiliser les élèves à la biodiversité, au développement durable, à la connaissance et à la protection de leur environnement; de développer des compétences qui leur offriront ensuite une meilleure qualité de vie tout en vivant de leur métier; de maintenir sur place des habitants ruraux qui permettent de nourrir l’ensemble de la population.
Actuellement, l’école a quatre projets éducatifs qu’elle essaie de développer. Chaque enfant est inscrit dans un de ces projets, quel que soit son niveau scolaire, et développe des connaissances théoriques et pratiques. Séparés en petits groupes, les enfants nous ont présenté leurs différents projets :
– Le projet « oiseau », qui correspond à la grande richesse ornithologique de la région de JardÍn. Ici, la population essaie de vivre en harmonie avec la nature. Les enfants apprennent à reconnaître et protéger la faune. Ils nous ont présenté des livres d’ornithologie et une affiche illustrant des oiseaux très colorés, ainsi que les colibris qu’ils observent autour de l’école, Ils nous ont expliqué avoir besoin de jumelles pour mieux observer les oiseaux et leur mode de vie.
– Le projet « champignons » : ils nous ont expliqué comment ils faisaient pour en développer la culture, et les atouts qu’ils présentent pour la nourriture et la santé, c’est un aliment du futur, très riche en protéines.
– Le projet « potager et caféier » : ils nous ont montré ce qu’ils apprenaient à cultiver, comment ils avaient construit leur zone plane en terrasses dans ce terrain accidenté. Nous avons noté l’implication importante des familles des enfants pour leur permettre de réaliser le projet en venant aider à déblayer, aplanir… et cela manuellement avec pelles et pioches.
– Le projet « abeilles » ( celui que l’APAEC a aidé à mettre en place ) qui a un impact important sur la pollinisation et donc sur le résultat des cultures ( 1/3 de la nourriture que nous mangeons = sécurité alimentaire ) et dont les produits ont une haute valeur nutritive ( miel, pollen, gelée royale ) et des vertus thérapeutiques. La formation pratique de ce projet et l’installation des ruchers sont suivies par Andersón et son père Javier. L’enseignement théorique autour des abeilles est assuré par les professeurs, Alexandra et David.
Chaque groupe a un chef de projet. La leader du projet pour les abeilles s’appelle Veronica. Elle a 14 ans. Elle se projette désormais comme apicultrice et danseuse. Elle est très dynamique, enthousiaste et passionnée par ce projet « abeilles ». Elle nous a chaleureusement remerciés car, grâce à l’APAEC, six emplacements de ruchers ont été créés, quatre ruchers fonctionnent déjà avec des abeilles natives connues sous le nom d’ Angelitas ( les petites anges ) : une espèce d’abeilles de 3 mm qui se caractérisent par l’absence de dard et qui ont une préférence pour les fleurs de café.
Pour nous, avec Andersón, ils ont ouvert pour la première fois une ruche : moment très marquant et joyeux quand les enfants et les professeurs ont vu les toutes petites alvéoles et le miel doré et lumineux.
Nous avons pu goûter quelques gouttes de ce nectar rare.
Un jeune garçon de 11 ans nous a expliqué tout ce qu’il a appris au sujet des abeilles, comment les reconnaître, leur rayon d’action, etc.
Nous avons été surpris de la quantité et de la qualité des informations théoriques qu’il nous donnait. Veronica est très fière du chemin accompli par son groupe grâce à l’aide de l’APAEC. Aujourd’hui, ils espèrent pouvoir continuer leur projet. Ils veulent construire un petit bâtiment «miellerie», notamment pour apprendre à extraire le miel. Ils auront besoin de matériel. Ils veulent aller plus loin dans leur formation. Ensuite, les enfants du groupe nous ont invités à déjeuner chez les parents de l’un d’entre eux pour terminer ce beau moment avec eux. Ils nous ont alors interrogés sur la vie en France. Beaucoup d’enfants nous ont fait des dessins ou écrit des messages à rapporter à l’APAEC, y compris en français pour une jeune qui apprend notre langue.
Nous avons été impressionnés par la qualité éducative de ces projets ( donner un avenir de qualité à de jeunes ruraux et leur permettre d’en vivre ), par l’investissement des professeurs et l’enthousiasme des enfants au sujet des apprentissages qu’ils suivent. Nous avons également été particulièrement marqués par la maturité des enfants.
La philosophie de cette école est « Semer des rêves pour récolter des réalités ». Pour nous, membres du Comité d’Administration de l’APAEC, ce projet solidaire appuyé par tous nos membres est une parfaite réussite quant à sa réalisation et mérite d’être perpétué.
Nathalie Jacquemont, été 2022
