Recherches effectuées via Facebook
Deux témoignages sur des rencontres via Facebook.
Recherches effectuées via Facebook
Gabriel et sa fratrie française, belge et colombienne.
Jeune majeur accompagné par ses parents.
Témoignage rédigé 18 mois après le premier contact épistolaire avec la famille biologique.
Nous avons adopté trois enfants, le premier en 1992 puis une fratrie en 1995. En décembre 2012, le plus jeune de nos enfants a fait des recherches par internet pour retrouver sa famille (notamment pour essayer de connaître sa date de naissance exacte car nous n’avions pas cet élément). En regardant de plus près le dossier, nous avons noté le lieu de naissance de nos deux derniers enfants. Gabriel a envoyé via Facebook un message au maire de ce petit village, en faisant apparaître son message à tous les contacts de ce dernier. Le maire n’a jamais répondu, mais un employé de la banque locale lui a répondu, en lui demandant de lui envoyer une photo de lui et de sa sœur au moment de l’adoption. Il a ensuite affiché une annonce avec la photo dans les commerces du village. La mère biologique des enfants les a reconnus, et Gabriel a été mis en contact à travers Facebook avec certaines de ses sœurs, plus âgées que lui. Il a ainsi retrouvé sa mère et huit frères et sœurs en Colombie.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là… Ses sœurs de Colombie lui ont révélé que durant l’été 2011, une autre sœur (l’aînée des 11 enfants) qui avait été adoptée en Belgique en 1988, leur avait rendu visite.
Aude, qui avait alors 25 ans, savait qu’un frère et une sœur avait été adoptés après elle, et souhaitait ardemment les retrouver. Mais elle ne savait pas dans quel pays ils étaient, ce qui rendait sa recherche difficile. L’une des sœurs colombienne a alors mis en relation Gabriel et Aude. Voilà comment notre fils a retrouvé ses frères et sœurs colombiens et sa sœur adoptée en Belgique environ 15 jours après le début de sa recherche.
Nous l’avons reçue avec ses parents chez nous en janvier 2013. C’est un amour immense qui nous a tous réunis, et fait de nous tous une grande famille unie à jamais. Nous nous voyons régulièrement depuis. Gabriel s’est rendu en Belgique en juin 2014 et nous avons passé une semaine de vacances tous ensemble en juillet de cette même année.
Nous envisageons maintenant un voyage en Colombie (familles belge et française réunies) pour aller faire connaissance sur le terrain de notre famille colombienne, présenter nos enfants et petits-enfants puisque nous sommes d’heureux grands-parents depuis mars dernier.
Comment Facebook a bouleversé notre famille
(Famille contactée via Facebook par une autre famille adoptive de la fratrie biologique de ses enfants, alors qu’elle n’effectuait aucune recherche) – témoignage rédigé 3 ans après le premier contact avec la fratrie bio adoptée et des contacts via Facebook avec la mère biologique jamais rencontrée et avec qui les liens épistolaires sont à ce jour rompus par la famille initialement contactée alors qu’elle n’était pas en demande –
Nous avons adopté deux enfants en Colombie, Patricia et Mario. C’était il y a 14 ans. Il y a trois ans, le passé, ou du moins les origines de nos enfants les ont rattrapés, alors que nous ne nous y attendions pas. Ils avaient alors respectivement 15 et 13 ans. Un couple de Hollandais, qui avait adopté trois enfants en Colombie, nous ont contactés en nous expliquant que leurs enfants étaient frères et sœurs avec les nôtres et qu’ils étaient à la recherche d’une autre sœur en Colombie et de la mère biologique. Nous en avons parlé à nos enfants pour plusieurs raisons. La première, c’était qu’avoir des frères et sœurs, c’était une nouvelle plutôt positive puisqu’ils ne les avaient pas connus. Ils étaient nés après nos enfants. Sur le moment, Patricia et Mario ont manifesté de l’intérêt pour les rencontrer et se découvrir. La seconde raison, c’est que cela nous est apparu comme un échange riche culturellement, une expérience intéressante.
Par ailleurs, cette famille hollandaise cherchait des renseignements sur la mère biologique et de notre côté, nous en avions car nous en avions cherché, un an après l’adoption, conscients de l’importance du thème de la recherche des origines, mais nous n’en avions pas parlé à nos enfants, jugeant qu’il fallait attendre qu’eux nous le demandent.
Ce que nous ne soupçonnions pas, à l’époque, c’est que les parents hollandais avaient effectué cette démarche alors qu’aucun de leurs enfants n’en avait fait la demande. Plus tard, dans une des Lettres de l’APAEC, nous avions lu que les Hollandais n’avaient pas du tout la même approche que les Français sur ce sujet de la recherche des origines. Sinon, nous ne nous serions jamais « embarqués » dans cette aventure.
Car cet événement a été très perturbateur pour nous et en particulier pour notre fille. Petit à petit, nous nous sommes laissés envahir par cette famille. Lors d’un séjour à Paris avec eux, nous avons pu constater qu’ils forçaient leurs enfants à entretenir un contact régulier via Facebook et Skype. Et la mère hollandaise ne se privait pas de donner des informations sur notre famille à la mère biologique.
C’est alors que cette dernière est rentrée directement en contact, toujours par Facebook, avec mes enfants. Autant Mario avait été ravi de connaître ses frères et sœurs hollandais, autant il refusait d’avoir un contact avec sa mère biologique.
Patricia aussi était ravie de ce lien avec la famille hollandaise, excepté avec la mère, qu’elle jugeait ne pas être à sa place en se mêlant de sa vie puisqu’elle racontait tout à la mère biologique.
Patricia répondait quand même aux messages de sa mère biologique sur Facebook, elle ne voulait pas la repousser, mais ces conversations sont devenues de plus en plus douloureuses car la mère biologique évoquait le fait qu’elle les aimait toujours, qu’elle n’était pas une mauvaise personne, qu’elle souhaitait rattraper le temps perdu et qu’elle attendait de leur part de l’amour.
Ces rencontres ont été très perturbatrices et nous avons finalement dû couper les contacts de la mère biologique via Facebook avec notre fille car cela devenait catastrophique.
Patricia ne voulait pas nous tenir au courant des conversations avec sa mère biologique. Parfois elle était en pleurs, à l’école comme à la maison, et disait que l’on ne pouvait pas comprendre, que c’était dur pour elle. Elle ne voulait en parler à personne et s’est beaucoup repliée sur elle-même.
Elle devenait de plus en plus agressive avec nous et particulièrement avec moi, sa mère adoptive. J’avais l’impression de servir de déversoir de sa colère. Au moment où cela nous est arrivé, nous aurions bien apprécié quelques conseils ou connaître quelques expériences du même genre pour pouvoir mieux faire face.
Nous avons décidé de ne plus communiquer avec la famille hollandaise. Mais ils nous ont recontactés : la mère biologique demandait à nos deux familles de l’aide pour payer des frais d’hospitalisation.
Nous connaissons bien la Colombie et avons des contacts directs sur place qui nous ont fortement déconseillés de donner de l’argent pour cela. Nous avons choisi de ne pas nous engager dans cette voie. L’autre famille a mis à contribution ses enfants pour faire gâteaux et autres sucreries et les vendre sur le lieu de travail des parents afin de récolter de l’argent et de l’envoyer à la mère biologique. Il me semble important que les personnes qui entament ce genre de démarche sachent qu’elles peuvent, par la suite, s’exposer à d’autres problèmes (sollicitations financières, questions morales, remise en cause de l’équilibre de toute la famille). Nous n’avons plus donné suite à aucun message, et Patricia a progressivement retrouvé sa joie de vivre et son équilibre. Quelque temps après, au cours d’une émission sur ce sujet, nous avons entendu une intervenante expliquer que parents biologiques et enfants avaient des attentes différentes : les enfants recherchent la rencontre avec l’histoire tandis que les parents attendent, eux, une relation. Et elle a conclu en affirmant que la recherche des origines correspond à un parcours qui sert l’enfant à se construire en avançant, et non à regarder derrière soi.