Rencontre inespérée, en flux inversé
Une rencontre en flux inversé.
L’adoption, une évidence
Suite à plusieurs échecs de F.I.V – Fécondation In Vitro – nous nous sommes dirigés naturellement vers la filiation adoptive, avec le projet d’adopter un enfant, ce qui nous a toujours paru être une évidence, une autre voie que nous avions pris le temps de mûrir pour devenir parents, autrement. Nous avons obtenu notre 1er agrément en 2006 qui concernait un enfant de moins de 3 ans, le plus jeune possible : nous avions alors l’un et l’autre 33 ans et 34 ans.
En plus de la démarche départementale Aide Sociale à l’Enfance – A.S.E -, nous avions déposé un dossier dans plusieurs O.A.A (Organismes Autorisés à l’Adoption). Notre projet a été pris en charge par Médecins du Monde pour la Chine. À ce moment-là, les équipes de Médecins du Monde nous assuraient que dans les 9 à 12 mois qui suivaient, une attribution pour un bébé était possible. La situation a évolué très vite, les relations diplomatiques entre la France et la Chine se sont tendues, nous n’avons jamais eu de proposition ! Depuis peu, Médecins du Monde a décidé d’abandonner sa mission d’adoption internationale.
Nous avions également déposé un dossier auprès de l’Agence Française de l’Adoption (AFA) de Paris pour Madagascar mais la procédure s’est également rapidement bloquée en raison du contexte interne au pays.
En juillet 2010, un courrier de l’A.S.E 93 nous annonce la bonne nouvelle ! Nous sommes allés à la rencontre d’une adorable petite fille de moins de 3 mois qui nous attendait dans une famille d’accueil à 70 km de notre domicile.
Nous avons quitté la région parisienne quelques mois plus tard pour venir vivre à la campagne, près de nos familles. Dès notre installation en Côte d’Or, nous avons repris contact avec l’A.S.E 21 pour demander un deuxième agrément. Celui-ci obtenu, nous nous sommes lancés en quête d’un O.A.A qui veuille bien nous aider dans nos démarches. Tous les O.A.A contactés en France ont refusé notre dossier : nous n’étions pas prioritaires pour eux, puisque nous avions déjà eu la chance d’avoir un bébé. Nous nous sommes alors rapprochés de l’AFA de Paris.
La Colombie, un nouveau projet
Par ce canal, nous avons déposé un dossier auprès des Autorités Colombiennes car c’était alors un des rares pays qui acceptait notre dossier. Nous n’avions à l’époque pas de préférence quant au pays. Nous avons dû faire modifier notre agrément pour qu’il rentre bien dans les critères d’âge de la Colombie et reprenne bien tous les termes exigés quant à l’origine ethnique. Notre dossier est parti en Colombie début 2012. Nous sommes passés juste avant le moratoire.
Dès que l’AFA nous a dirigés vers la Colombie, nous avons pris contact avec Aline Moriau, plus communément connue à l’Apaec sous le surnom de Miss Hola, notre déléguée régionale. Elle nous a prodigué de nombreux conseils, a relu nos documents, était toujours là pour répondre à nos questions.
Nous avons dû envoyer des compléments d’enquête psychologiques réalisés auprès d’une psychologue agréée à Chalon-sur-Saône et tout à fait au courant de ce qu’exige l’ICBF dans ces rapports.
Pendant la période d’attente, nous avons envoyé régulièrement des nouvelles à l’ICBF en Colombie (avec photos à l’appui et cela, en suivant scrupuleusement les conseils de notre déléguée Apaec). Nous sommes également restés en contact avec l’Apaec, notamment à l’occasion du pique-nique annuel qui permet de faire un point sur l’adoption en Colombie, de rencontrer d’autres familles qui attendent ou qui ont adopté. Pour notre fille Lina, c’était également l’occasion de rencontrer d’autres enfants adoptés et de reparler de notre projet.
Fin 2015, nous sommes allés à une réunion à l’AFA de Paris au cours de laquelle on nous a conseillés de compléter un « questionnaire d’aide à l’apparentement pour la Colombie », dans lequel on doit répondre très précisément à des points de santé pour mesurer notre ouverture sur des besoins spécifiques de l’enfant. Ce document doit être rempli avec l’aide d’un médecin. Certaines questions sont extrêmement précises et on ne mesure pas toujours ce qu’elles peuvent impliquer. Nous nous sommes donc rendus à la Consultation Adoption Outre-mer de l’hôpital de Dijon où nous avons revu le Docteur De Monléon. Il a détaillé avec nous chaque point du questionnaire. Nous avons retourné le document à l’AFA en juillet 2016.
Lucas, un Noël particulier
Quelques semaines après l’envoi du renouvellement de notre agrément, en 2016, nous avons reçu un appel de l’AFA de Paris. On nous propose alors, dans le cadre d’une procédure inversée, d’adopter un petit garçon de 3 ans, vivant à FANA à Bogotá.
Et voila, tout s’emballe. On nous demande de nous prononcer très rapidement alors que le dossier médical n’est pas très clair pour nous. Nous rencontrons à nouveau le Docteur De Monléon qui veut bien nous recevoir en urgence. Puis, suite à ses conseils, nous demandons un complément d’informations à FANA – qui a une infirmière en interne qui gère tous les dossiers médicaux et qui avait donc déjà tous les éléments en réponses à nos questions.
Nous les recevons rapidement en retour. Les veilles de Noël, on découvre le visage de notre futur fils que l’on prénommera Lucas. On prépare notre fille
Lina, 6 ans, à l’arrivée de son petit frère. Les choses avancent à un rythme que l’on ne maîtrise pas toujours. De chez nous, nous prenons contact avec Lucas par Skype à raison de 3 fois sur 3 semaines. Ces échanges ont duré environ une heure chacun et notre fille était comme nous, très intimidée. Heureusement, la psychologue de FANA qui était aux côtés de notre garçon a été très efficace pour provoquer des moments d’échanges sympathiques. C’est là aussi que l’on mesure l’importance de connaître quelque peu, des bases d’espagnol, point sur lequel notre déléguée n’hésitait pas à insister !
Nous avons décollé le 1er février 2017 pour une « entrega » fixée au 4 février. Nous sommes accueillis à l’aéroport de Bogotá par la correspondante sur place de l’AFA qui sera également notre avocate pour toute la procédure. Nous nous sommes rendus à FANA, le 3 février pour aborder ensemble le dossier médical de Lucas. Nous avons été accueillis
très chaleureusement et de façon très professionnelle. Toute l’équipe était à notre disposition pour nous parler de lui et nous fournir toutes les informations nécessaires. Par ailleurs, Lucas a été très bien préparé à notre venue, ce qui a nettement facilité notre adoption mutuelle. Nous rencontrons notre fils, le jour de la grande cérémonie d’anniversaire
des 45 ans de FANA, le 4 février 2017. Et voilà que d’un coup notre famille s’agrandit ! De trois pendant des années, nous étions quatre du jour au lendemain. Que d’émotions en si peu de temps ! Les semaines suivantes
nous ont permis de faire connaissance, plus intimement tous les 4, de nous découvrir peu à peu, pour commencer une adoption mutuelle.
En tout et pour tout, nous sommes restés un mois à Bogotá avec un détour de quatre jours à « La Mesa », village à 70 km de Bogotá et à environ 3 heures en taxi, où la juge a rendu son jugement dans un temps record. Ce séjour est non seulement une opportunité mais surtout une nécessité pour une famille qui se découvre et apprend à se construire ensemble.
Dans toutes les étapes, nous avons été accompagnés soit par notre avocate, soit par notre « taxi adoption » qui ne travaille que pour FANA. L’une comme l’autre ont été très efficaces et tellement sympathiques. Nous les remercions chaleureusement.
De même, nous remercions notre déléguée Aline pour son soutien et tous les membres de l’Apaec qui nous ont fourni de précieux renseignements au cours de notre préparation.
Une famille à construire
Retour en France : Lucas se fait très vite à la vie en famille. Comme on nous l’a conseillé, nous sommes restés quelques jours entre nous, puis nous avons élargi le cercle familial petit à petit. Il s’est très vite habitué à tout le monde. Il apprécie particulièrement les cousins de son âge. Il faut dire qu’il n’est pas timide du tout. Papa a repris le travail 2 semaines après notre retour en France et maman a repris à la rentrée de septembre 2017, après un congé parental de 4 mois.
Lucas a également voulu aller à l’école en voyant sa sœur partir le matin. Là aussi, nous avons fait les choses progressivement : 1 matinée puis 2 par semaine, et puis 3 mois après, tous les matins et enfin une journée complète.
En petite section de maternelle, il n’y a pas eu de souci d’adaptation. Lorsqu’il ne comprend pas les consignes de la maîtresse, il regarde ce que font les autres. Tout le personnel de l’école est super accueillant et les autres enfants aiment bien les petits nouveaux arrivés en cours d’année.
Quant à la langue, les choses ont été également très vite. Quelques jours après notre installation à la maison, nous avons commencé à utiliser de plus en plus le français, puis abandonné l’espagnol pour les choses les plus courantes. Après 3 mois, notre fils parlait un mélange français/espagnol que nous comprenions très bien.
Nous formons désormais une joyeuse famille. Il faut dire qu’il est accompagné par une super grande sœur !
Bénédicte et Grégory et leurs enfants Lina et Lucas.