Adoption d’un grand en 1982
Adoption d'un enfant grand
Nous avons entrepris des démarches en vue d’une adoption courant 1981. Nous avions lu dans la presse un article sur les enfants de Colombie qui nous avait particulièrement émus et nous avons dirigé nos recherches vers ce pays.
Le hasard des rencontres de personnes de notre connaissance nous a fait découvrir l’existence d’Edgar, qui était en attente de parents adoptifs chez une avocate de Bogotá. A cette époque, ayant un neveu du même âge et familiarisés avec ce qu’est un enfant de 9 ans, nous n’avons pas hésité à nous lancer sur ce chemin.
Après avoir commencé les formalités en juillet 1982, nous sommes allés rencontrer Edgar à Bogotá en décembre de la même année. [NDLR : à cette époque, les démarches étaient plus rapides et les délais beaucoup plus courts qu’aujourd’hui !]
Nous nous découvrions mutuellement, l’émotion était grande. La barrière de la langue a encore accentué la très forte tension due à ce grand moment. Heureusement, Carmen et François Serres, qui avaient accueilli Edgar, nous ont formidablement aidés à tous les niveaux.
Les deux semaines passées sur place nous ont permis de mieux nous connaître et de comprendre le pays dans lequel Edgar avait vécu pendant 9 ans.
Nous nous rappelons parfaitement bien de sa nervosité et de son angoisse à l’aéroport avant de monter dans l’avion. Cet état était bien sûr dû au fait de quitter son pays. Il pensait peut-être ne jamais y revenir. Que se passe-t-il vraiment dans la tête d’un enfant de 9 ans avec lequel on ne peut pas communiquer dans de telles circonstances ?
Une fois à la maison, la communication s’est améliorée petit à petit avec l’aide de la famille proche et la fréquentation de l’école (et donc des camarades de jeu). Edgar a parfaitement appris le français en l’espace de 4 à 6 mois et, pour l’anecdote, il a fallu lui expliquer que certains « gros mots » n’étaient pas à prononcer…
L’arrivée de ses soeurs, Marie en 1983 et ensuite Lucie en 1986, a consolidé la cellule familiale dans laquelle Edgar a trouvé sa place de grand frère.
Nous avons découvert son caractère et sa personnalité. L’adolescence n’a pas été simple comme pour beaucoup de jeunes de cet âge. Ses colères subites et ingérables et ses envies de retourner en Colombie nous ont fait un peu perdre pied. Mais les jours ont succédé aux jours et tout cela s’est amélioré petit à petit. Comme toujours à cet âge, il y a les « bas », il y a des« hauts ». Il y a eu des moments très agréables pendant lesquels nous communiquions mieux. Nous ressentions ce besoin de sa part parce que certains moments vécus en apprentissage professionnel n’étaient pas faciles pour lui. Il est certain qu’il peut parler beaucoup mieux que nous de ce sujet. Et puis, au milieu de toutes ces expériences que l’on appelle la vie, il y a eu la période du permis de conduire et de sa première voiture. Alain pense savoir ce qu’il a ressenti parce que c’est un garçon et qu’il avait ressenti la même chose en son temps au même âge. Cette sensation s’appelle la liberté ! On a l’impression de pouvoir découvrir la planète entière au volant de notre possession à quatre roues.
Nous pensons aussi que les chantiers de jeunesse l’ont beaucoup aidé à se construire. Il y a rencontré de vraies amitiés. Nous avons beaucoup pensé que ces moments étaient très importants pour lui.
Ensuite est arrivée la vie adulte, le moment où l’on commence à voler des ses propres ailes, où l’on est maître de ses décisions, mais cela est une autre histoire qui appartient à Edgar.
En conclusion, nous dirons simplement qu’aujourd’hui, nous avons de très bons rapports avec Edgar et qu’en ce sens, nous sommes persuadés que c’était une belle aventure réussie.
Claudine et Alain Lavigne