Une histoire à soi
Un film d’Amandine Gay, au cinéma le 23 juin 2021
Une histoire à soi
Un film d’Amandine Gay
Cinq adoptés témoignent de leurs vécus d’enfants, d’adolescents et d’adultes. Ils sont nés en Corée du Sud, au Rwanda, en Australie, au Brésil et au Sri Lanka, mais tous ont grandi au sein de familles françaises et ont aujourd’hui entre 25 et 50 ans.
Construit comme un puzzle, « Une histoire à soi » dévoile photos et vidéos familiales avec en surimpression sonore les adoptés témoignant de leur passé. Chacun se raconte, de ses premiers souvenirs à sa vie d’aujourd’hui. Ce sont des histoires d’adoptions dites « réussies ». Une fois adultes, ces cinq adoptés sont revenus dans leur pays d’origine pour se mettre en quête de leurs familles d’origine. Tous ces témoignages sont mis en balance avec des archives institutionnelles illustrant les discours officiels de l’adoption internationale, de l’après-guerre aux années 70, discours qui semblent aujourd’hui particulièrement caricaturaux. Peut-être aurait-il été judicieux d’utiliser le même type d’archives, mais provenant des années 80 ou 90, époque ou furent adoptés la plupart de ces cinq témoins.
« Une histoire à soi » nous offre une vision de l’adoption côté adoptés. Chacun d’entre eux nous donne à voir des morceaux de vie particulièrement touchants, nous permettant d’entrer dans leur intimité et de ressentir ce qu’ils ou elles ont vécu. Ainsi, Niyongira qui, au moment des événements génocidaires au Rwanda, espérait faire venir sa famille en France mais n’a pas osé en parler à ses parents adoptifs, de peur qu’ils le déçoivent par un éventuel refus.
En regard de son histoire, chaque protagoniste porte une vision assez critique de l’adoption internationale, comme le fait d’« arracher » les enfants de leurs racines sans que ne soient posées les questions sur les conséquences que cela pourrait induire. En effet, la question de l’identité (qui suis-je ? d’où viens-je ?) revient tout au long du film.
« Une histoire à soi » n’est pas un plaidoyer pour l’adoption, loin de là. Pourtant, ce film mérite d’être vu, afin de mieux saisir ce qui peut se passer dans la tête d’un enfant adopté. Les histoires de ces cinq personnes nous le montrent bien, d’autant plus qu’elles sont singulièrement poignantes et qu’elles nous touchent à vif.
Guillaume Grimonprez
Au cinéma le 23 juin 2021